Je suis né à l’Hôpital Saint Louis près du Canal Saint Martin en trente huit Aussitôt j’ai pris la fuite Avec tous les flics aux fesses Allemands nazis SS Les français cousins germains Leur donnaient un coup de main En l’honneur du Maréchal Pour la Solution Finale Bref je me suis retrouvé En Savoie chez les Suavet Caché près de Saint Offenge En attendant que çà change Je n’avais qu’un seul souci Celui de rester en vie Après la Libération J’avais encore l’obsession D’arriver jusqu’à dix ans Ensuite il serait bien temps De réclamer un peu plus Si j’échappais aux virus |
Cette période historique M’a insufflé la Panique J’ai conservé le dégoût De la foule et des gourous De l’ennui et du sacré De la poésie sucrée Des moisis des pisse-froid Des univers à l’étroit Des staliniens des bouddhistes Des musulmans intégristes Et de ceux dont l’idéal Nie ma nature animale A se nourrir de sornettes On devient pire que bête Je veux que mon existence Soit une suprême offense Aux vautours qui s’impatientent Depuis les années quarante En illustrant sans complexe le sang la merde et le sexe Roland TOPOR |